Philippe Lallemand, Portrait de Charles Perrault, Château de Versailles Charles Perrault, né et mort à Paris (1628-1703), issu d'une famille appartenant à la haute bourgeoisie parlementaire, manifeste un intérêt passionné pour les discussions scientifiques qui se déroulent dans le milieu familial. Cependant, il se rend compte très jeune que la littérature constitue sa véritable vocation.
Cela ne l'empêche pas de se consacrer à des études de droit et de devenir avocat. Mais il ne plaide quasiment jamais ; en 1653, il publie Les Murs de Troie, un poème burlesque écrit en collaboration avec son frère Claude, dans lequel il attaque l'Antiquité.
En 1663, il quitte l'emploi de commis qu'il occupait chez son frère Pierre, receveur général des Finances de Paris, pour entrer au service de Colbert, protecteur de l'ensemble de la famille.
D'abord commis, il devient ensuite contrôleur général des Bâtiments, puis, en 1672, il entre à l'Académie française, ce qui ne l'empêche pas de continuer à travailler pour Colbert.
Associé à Jean Chapelain, un autre écrivain du temps, il dirige le service de la propagande royale, où ses tâches sont multiples : il pousse à la rédaction d'éloges célébrant la politique de Louis XIV, les corrige, et s'occupe de répartir les gratifications destinées aux artistes en faveur ; il transmet également les instructions de Colbert aux académies que celui-ci vient de créer et surveille en outre la construction de l'ensemble des bâtiments élevés pour donner une haute idée de la magnificence du souverain.
Quelques mois avant la mort de Colbert, les intrigues de Racine, de Boileau, et surtout de Louvois, qui le haïssent, lui font perdre son emploi. Pour le reconquérir, il publie, juste après la révocation de l'édit de Nantes, une épopée chrétienne intitulée Saint Paulin, dans laquelle il rappelle, s'opposant à la galanterie de Racine, les exigences de l'art moral.
Toujours dans le même but, semble-t-il, il publie en 1685 un poème intitulé le Siècle de Louis le Grand, dans lequel, associant Antiquité et paganisme, art contemporain et influence du roi et du christianisme, il montre que la fin du XVIIe siècle constitue une étape décisive dans l'histoire de l'humanité. Cela suffit pour relancer à l'Académie la querelle des Anciens et des Modernes, et à l'entraîner dans une polémique marquée par la parution, de 1688 à 1696, de quatres volumes dans lesquels il étudie le Parallèle entre les Anciens et les Modernes, et de celle des Hommes illustres qui ont paru en France pendant le XVIIe siècle ; ces deux ouvrages, quoique fort tendancieux, contribuent à créer le mythe du siècle de Louis XIV.
En 1697 paraissent, sous la signature de son fils Pierre Perrault d'Armancour, les célèbres Contes de ma mère l'Oye, que nous connaissons mieux sous le titre de Contes de Perrault et dont il est vraisemblablement le véritable auteur. Mais quelques semaines après cette parution, son fils, impliqué dans une affaire de meurtre, est condamné à une lourde amende ; pire, il meurt deux ans plus tard, à peine âgé de 21 ans.
Attaqué de toutes parts, et pas seulement pour ses travaux littéraires, il entreprend alors la rédaction de ses Mémoires, demeurés inachevés et publiés seulement en 1757, dans lesquels il se présente, lui et ses frères, comme les vrais inspirateurs de l'art moderne.
En 1699 il publie les Fables de Faërne, le seul ouvrage destiné à la jeunesse paru sous son nom, dans lequel il traduit et adapte un recueil en latin de Faërne, un écrivain italien de la Renaissance. Il meurt quatre ans plus tard, âgé de 75 ans.