(Saint-Germain-en-Laye, 1638 - Versailles, 1715.) Roi de France et de Navarre (1643-1715). Fils de Louis XIII et d'Anne d'Autriche. Son père meurt alors qu'il n'a que cinq ans et son éducation passe pour très négligée.
Les événements de la Fronde le marquent profondément et lui laisseront le souvenir douloureux d'un pouvoir en butte aux intrigues. Déclaré majeur en 1651, le royal adolescent a finalement la chance de posséder un Premier ministre, le cardinal Mazarin, qui se montre le meilleur des serviteurs.
Lorsque le cardinal meurt, en 1661, la paix des Pyrénées a agrandi le royaume de l'Artois et du Roussillon. Le roi a épousé en 1660 MarieThérèse, fille du roi d'Espagne. Et pourtant Mazarin n'aura pas de successeur, si ce n'est le roi lui-même. Cela se passe le 10 mars 1661. Richelieu a abaissé les grands féodaux, Mazarin vient de déjouer leurs intrigues. La France est alors le pays le plus peuplé d'Europe. Son unité n'a pas été rompue, par l'alliance de princes du sang ou de certains nobles avec les bourgeois des villes, par l'occupant anglais ou espagnol, par le fanatisme protestant ou l'intransigeance catholique.
Ce sont autant de facteurs qui ont déterminé la décision du jeune roi. Il ne peut y avoir d'autre autorité que la sienne, sous peine de voir le royaume replongé dans les mortelles divisions d'antan. Ainsi naît et se développe cette notion de pouvoir absolu qui va s'imposer à l'Europe entière durant le XVII e siècle.
Le Conseil d'en haut ne se compose plus que de trois ministres : Foucquet, Le Tellier, Hugues de Lionne. Les grands commis sont de valeur : Colbert, Louvois, etc. Ce sera la grande force du régime de posséder des serviteurs aussi compétents, dévoués, actifs, à des postes déterminants. Si l'un d'eux fait preuve d'insubordination, il est brisé. C'est le cas de Foucquet, surintendant des Finances.
Sous pareille impulsion, la France devient sans conteste la première puissance économique et militaire du continent. Cet élan est complété par une floraison artistique sans précédent, si bien que le terme de Grand Siècle convient à ce règne.
Quittant le Louvre austère de ses parents, Louis XIV abandonne sans regret un Paris qui fut tour à tour bourguignon, ligueur et frondeur. Le rebelle d'hier devient courtisan. Désormais, toutes les affaires de l'État se décideront à Versailles. Avec l'installation de la Cour dans son nouveau domaine, en 1682.
C'est l'apogée du règne. La flotte du roi égale en puissance celle de l'Angleterre. Le pape Alexandre VII fait, en 1664, des excuses pour un incident survenu entre soldats de sa garde et valets de l'ambassadeur de France. Défenseur de la chrétienté, Louis XIV envoie en Hongrie un contingent de volontaires déterminant la défaite des Turcs le le, août 1664 à Saint-Gotthard.
A la mort de Philippe IV d'Espagne, la Flandre est conquise en 1667, puis
la Franche-Comté, occupée en 1668. Les Hollandais constituent
une Triple-Alliance avec l'Angleterre et la Suède. Le traité
d'Aix-la-Chapelle en 1668 invite le roi à restituer la Franche-Comté,
mais lui accorde le Hainaut et la Flandre méridionale. La modération
du vainqueur, qui accepte d'évacuer une conquête, rehausse
son prestige.
Les hostilités s'ouvrent contre les Hollandais, au printemps
de 1672. Charles II d'Angleterre, renversant les alliances, joint ses forces
à celles de Louis XIV. Malgré l'écrasante supériorité
des assaillants, les Bataves relèvent le défi. Entre le désespoir
et le déshonneur, les Hollandais préfèrent détruire
en partie un patient labeur séculaire; ils ouvrent les digues, inondant
le bas pays et préservant de l'invasion Amsterdam et Haarlem, Delft
et Leyde. Jan de Witt est évincé du pouvoir au profit de
Guillaume d'Orange.
La cause hollandaise trouve des sympathies en Europe. Il faut évacuer la partie continentale des ProvincesUnies. La guerre revient en Flandre et en Alsace. Condé et Turenne déploient des prodiges pour enrayer l'invasion. Le second meurt sur le champ de bataille en 1675. La guerre treine si bien que les protagonistes négocient à Nimègue en 1678. La Franche-Comté est acquise définitivement. L'Europe liguée contre Louis XIV a été tenue en échec. Une fois encore, l'Europe se ligue contre le Roi-Soleil. Elle y est incitée par la rancoeur des protestants, qui ont fui la France (au nombre de 200 000 au moins) à la suite de la révocation de l'édit de Nantes, en 1685.
La victoires de Staffarde, de La Marsaille, de Fleurus et surtout de Neerwinden permettent de contenir la coalition tant en Piémont qu'en Flandre et en Brabant. La paix se décide à Ryswick en 1697. Ce n'est qu'un armistice de trois ans (qui entérine l'annexion de Strasbourg).
Certes, il est difficile pour un monarque ambitieux de ne pas se montrer flatté du choix de son petit-fils, le duc d'Anjou, pour succéder à Charles Il d'Espagne. Le refus de séparer désormais les successions de France et d'Espagne fait craindre au reste de l'Europe la constitution d'une formidable puissance qui s'étendrait un jour de Dunkerque à Cadix.
Il n'en faut pas plus pour constituer en 1701 une nouvelle coalition dont seules ne font pas partie l'Espagne et la Bavière. Les forces royales doivent garder les frontières du nord, de l'est, se battre sur les Alpes et en Piémont, tout en intervenant en Espagne pour défendre le trône de Philippe V. C'est d'autant plus fâcheux que dans le cainp adverse commandent deux remarquables stratèges : le prince Eugène de Savoie, et le duc de Marlborough. Le roi, vieilli, malade, atteint moralement, se confine dans un Versailles austère sur lequel règne désormais Madame de Maintenon. Las, désabusé, Louis XIV se résout à solliciter la paix de ses plus implacables adversaires, les Hollandais. Les plénipotentiaires des ProvincesUnies émettent des prétentions exorbitantes.
La France est animée d'un sursaut patriotique que symbolise, en 1712, la victoire de Villars à Denain. Humiliés, épuisés à leur tour par douze années de lutte, les HollandoImpériaux finissent par composer. Les Français obtiennent la reconnaissance des frontières de Flandre et d'Alsace. Les successions de France et d'Espagne sont dissociées. Mais, fait qui aura par la suite des conséquences très graves, Louis XIV abandonne à l'Angleterre Terre-Neuve, l'Acadie et la baie d'Hudson, au Canada. C'est le début de la perte de la Nouvelle-France et de la prépondérance britannique dans le continent nord-américain.
Le Grand Dauphin, le successeur au trône, est mort en 171 1, bientôt suivi par son fils le duc de Bourgogne, l'année suivante.
La noblesse de naissance a perdu sa prédominance (sauf dans l'armée) au profit d'une noblesse de robe ou de finance ou encore de roturiers qui dominent l'administration et accaparent le négoce. Les membrés des parlements provinciaux représentent autant de groupes d'opposition.
A l'approche du trépas du vieux monarque, la gangrène qui
attaque une jambe fait de terribles progrès. Depuis une semaine,
l'antichambre du duc d'Orléans, régent désigné,
ne désemplit pas.
L'interminable agonie s'achève enfin le dimanche le, septembre
1715.