Il s'est trouvé des gens qui se sont [?] que l'esprit et la beauté ne se trouvent que dans les poèmes sérieux, et que les pièces comiques sont des niaiseries qui ne méritent pas la louange qu'on leur a trop souvent [?].
Ce n'est pas mon sentiment, quant à moi. La tragédie, sans doute, a quelque chose de solennel et de grandiose, quand elle est bien touchée. Mais la comédie a ses charmes et je soutiens que l'une, aussi bien que l'autre, présente des difficultés plus grandes qu'on ne se l'est généralement [?]. Et quant à la difficulté, si vous mettiez un peu plus de côté, peut-être ne vous tromperiez-vous pas. Car, enfin, je trouve qu'il est plus aisé de se guinder sur de grands sentiments que d'entrer comme il faut dans le ridicule des hommes, et de rendre agréablement sur la scène les défauts que la société a [?] s'introduire dans son sein.

Lorsque vous peignez des héros, vous les faites tels que vous voulez; ce sont des portraits de fantaisie où l'on ne cherche point de ressemblance, et vous n'avez qu'à suivre les traits d'une imagination qui se donne l'essor, et que souvent on a laisser le vrai pour attraper le merveilleux. Mais lorsque vous peignez les hommes, il faut peindre d'après nature. On veut que ces portraits ressemblent, et, quelque peine que vous vous soyez [?], vous n'avez rien fait, si vous n'y faites pas reconnaître les gens de votre siècle, que vous vous êtes [?] de tourner en ridicule. En un mot, dans les pièces sérieuses, il suffit, pour n'être point blâmé, de dire des choses que le bon sens et le bon goût aient [?]; mais ce n'est pas assez dans les autres, il faut y plaisanter et faire qu'on rie. Et c'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens.

D'après Molière.