HISTOIRE DES IDEES POLITIQUES
I) Doctrine absolutiste et réalité politique au XVIIième Siècle.
Introduction
Le XVIIième siècle est appelé le siècle de Louis XIV, qui n’a cependant régné que lors de la deuxième partie du siècle, à la mort de Mazarin en 1661.
Le XVIIième siècle est aussi appelé le Grand Siècle, un siècle de majesté, mais aussi de crises à différents niveaux.
L’absolutisme est fragile bien qu’il semble fort. Il s’effondrera dans les pays les plus modernes (Angleterre et Pays-Bas), car trop anachronique. Il a été conçu comme la négation de la féodalité, c. à d. qu’il s’oppose au particularisme et au morcellement féodal. Mais l’absolutisme ne veut jamais dire despotisme ou tyrannie. Il reste limité par la loi divine et la loi naturelle.
En Angleterre et dans les provinces unies (P-B), des pays où le capitalisme commercial s’est développé, on trouvera les principales œuvres politiques de l’époque. Le centre économique de l’Europe est dorénavant le nord.
En France, la pensée politique ne présentera guère
d’originalité. Par contre, la France brillera par les arts et les
lettres.
La doctrine mercantiliste accorde toute l’importance à la réserve d’or et d’argent d’un pays, en déterminant sa puissance. Le mercantilisme suppose le rationalisme, l’industrialisation, le protectionnisme.
Le mercantilisme s’efforcera à développer la production nationale en créant et développant les manufactures, tout en amassant l’argent venant d’outre-mer. C’est Colbert qui en fut l’initiateur en France (Colbertisme), en usant d’une politique largement en faveur de l’industrie.
C’est une politique qui s’oppose au particularisme (politique nationale accordant la protection aux compagnies commerciales grâce à l’obtention de monopoles). Le mercantilisme est un agent d’unification nationale, nécessitant une grande solidarité entre l’Etat, les commerçants et les agents.
Il faut pour cela une autorité nationale. L’absolutisme en est
donc le couronnement normal. Toutefois, plus tard, le développement
du capitalisme ruinera l’absolutisme.
La noblesse et la bourgeoisie sont toujours en opposition, alors
que la monarchie s’appuie sur les bourgeois pour gouverner. Cette opposition
farouche se fera au profit de la monarchie.
L’absolutisme est sorti renforcée des guerres de religions, car la population aspire à la paix et à l’autorité du Roi.
On retrouve en France, comme en Angleterre, un sentiment d’indépendance par rapport au Pape: le gallicanisme. C’était la ligne de conduite officielle de la monarchie, des papes de France, des différentes institutions. C’était là une façon de se libérer de toute allégeance envers Rome, traduisant de plus en plus une séparation entre le pouvoir temporel et spirituel (des papes).
(a) En France:
Louis XIV rejette toutes interventions dans les affaires intérieures de l’Eglise de France. Il prétendait dominer l’Eglise de France, voulant que les évêques français aient le moins de rapport avec le pouvoir de Rome. Cela entraîna un conflit avec le Pape.
En 1682, Bossuet précisera la position gallicane dans " la Déclaration des 4 articles ". Texte dans lequel il mettait en évidence les libertés de l’Eglise gallicane de France par rapport au Pape, et sur l’indépendance du pouvoir temporel.
Le gallicanisme va dans le sens de l’absolutisme. Le roi veut le pouvoir absolu sur son Eglise en France. Il rejette la papauté dans les affaires internes de l’Eglise.
A la fin du siècle, suite à un conflit avec le Pape, Louis XIV abandonne le gallicanisme.
(b) En Angleterre:
En 1534, Henri VIII Tudor se déclare chef de l’Eglise d’Angleterre. C’est une rupture avec le Pape, un Schisme. L’Angleterre vire au protestantisme.
Sous Elisabeth Ière, L’anglicanisme est fixé
comme religion d’Etat. C’est le " Bill des 39 articles ", en 1563.
La population, la Fronde, aspire à la paix et au calme après les guerres de religion. Cela va dans le sens de l’absolutisme, et explique pourquoi Louis XIV n’a pas eu de mal à s’imposer. La soumission au Roi est accentuée.
La reprise des guerres, comme celle de 30 ans, va consolider l’absolutisme
dans un premier temps. Toute la nation est derrière son Roi, le
sens national étant alors très vif. Mais à la longue,
les guerres vont avoir un effet inverse, provoquant un sentiment d’usure,
de colère, de fatalisme (cause : impôts, critiques, …).
A l’époque de la Renaissance (au XVIième), l’esprit de curiosité scientifique et d’analyse a commencé à se développer.
Cet esprit de la Renaissance commence à porter ses fruits au XVIIième Siècle. On constate beaucoup d’efforts de l’esprit pour connaître et comprendre l’univers. C’est l’éveil de la compréhension scientifique moderne.
Bacon, avec le Novum Organum (1620), et Descartes, avec le Discours de la Méthode, vont tenter de mettre au point un système de pensée logique. Ce sont deux ouvrages essentiels du XVIIième Siècle.
Quelques savants :
Le droit naturel est distinct du droit positif. Le droit positif est mis en place par les autorités des différents pays. Chaque groupe émet des règles pour vivre en groupe.
Le droit naturel n’est pas propre au XVIIième Siècle. L’idée qu’il y a une loi non écrite est immuable, plus haute que toute loi humaine. Exemple de loi du droit naturel : " On ne peut pas tuer car chaque homme a le droit à la vie ".
Les lois naturelles sont le reflet de la raison divine dans la nature de l’homme. Au XVIIième Siècle, il s’est produit un processus de laïcisation du droit naturel (et pas l’avènement de celui-ci). Le droit naturel se trouve coupé de ses racines théologiques. Ce n’est pas que celles-ci soient éliminées, mais on ne s’en occupe tout simplement pas. Le droit naturel va devenir un principe indépendant de la foi, valable pour toutes les nations, en tout temps, basé sur le rationalisme.
Les causes de cette évolution sont multiples. Par les progrès des scientifiques et les découvertes géographiques, l'homme connaît beaucoup plus de choses et sa confiance progresse dans la science. Cela ayant pour conséquence une laïcisation des connaissance, on écarte Dieu des débats. La politique est séparée de la religion pour la même raison. Le capitalisme économique est renforcé par le droit naturel, car il est naturel que l'homme recherche le maximum de bien-être.
Dans le domaine économique, il défend la liberté de commerce, disant que l'on doit être libre entre tous. Sur le plan politique, il est pour l'autorité et l'obéissance aux souverains. Un pouvoir fort permettant de faire régner l'ordre et la paix, et assure l'expansion économique.
Il s'est intéressé aux relations internationales et a fait un exposé sur les causes justes de guerre (exemple de cause juste : la violation des droits économiques des hommes). Ce n'est cependant pas un pacifiste comme Erasme, car il envisage les règles humaines à observer dans la conduite des hostilités.
Ce sont des œuvres différentes, mais qui font preuve du même individualisme, du même souci de sécurité et de paix.
En Angleterre, le problème politique et religieux sont liés, le roi étant le chef de l'Eglise. Il y a donc une Eglise établie et nationale, l'Eglise Anglicane. On trouve beaucoup de discussions à propos du rôle et de l'impact de l'Eglise dans l'Etat. L'Eglise aura ses défenseurs, tels que Hooker, partisan de l'église nationale établie.
Il existe cependant aussi des opposants à ce lien établit. Les puritains refusent une obéissance à une Eglise établie, sont contre l'intervention de l'Etat dans les affaires religieuses. Ils veulent épurer l'anglicanisme des traces de l'Eglise de Rome, prendre des distances par rapport aux papistes.
D'autres groupes s'opposent eux aussi à l'Eglise établie,
dont certains catholiques.
Cependant, on ne voit pas apparaître pour autant une doctrine cohérente de la souveraineté populaire. En quelque sorte, la doctrine suivra la révolution. Il y a pas mal de théoriciens qui sont dans cette ligne, tels que Francis Bacon.
Le mécanisme, c'est penser que l'Homme et le monde fonctionnent comme une machine, de façon mécanique et déterminisme. C'est donc une philosophie qui s'efforce d'expliquer le monde, les phénomènes, par les seules lois de causes à effets. Le positivisme se dirige également dans le même domaine, et la politique va dans le même sens et comme toute science, elle a ses lois.
Hobbes refuse donc le recours au surnaturel, et il s'est fait taxer d'athéisme politique. Mais il est avant tout scientifique. Il veut libérer l'Homme de la peur et de ses fantasmes. Il va se tenir à des explications scientifiques et mécaniques.
Hobbes va donner de ses convictions une justification purement rationnelle et utilitaire. Il réfléchit à la situation de l'Homme sur terre et il constate :
Hobbes et Locke ont des pensées communes à propos de la paix et de la sécurité des gens, mais proposent des moyens différents pour y parvenir. Pour Hobbes, le seul moyen est d'établir un contrat, et de transférer à l'Etat des droits qui, s'ils étaient conservés individuellement seraient préjudiciables à la paix et à l'humanité.
Donc, il pense différemment d'Aristote. Pour lui, la société politique est un calcul, produit par la volonté humaine, guidée par le calcul et l'intérêt. Cela ne résulte pas d'une sociabilité instinctive de l'homme, comme le pensait Aristote. La souveraineté est fondée sur un contrat, non pas entre le souverain et les sujets, mais entre les sujets seuls, qui décident de confier des pouvoirs à un souverain. Le contrat ne limite pas la souveraineté, mais la fonde.
L'absolutisme de Hobbes est fondé sur des considérations utilitaires. Il ne doit rien à la foi Chrétienne (Cfr. Bossuet). Il ne doit rien à la fidélité envers le monarque. Il ne tient pas à maintenir des institutions ou à préserver un régime.
Son absolutisme est utilitaire, car il pense qu'il est utile pour l'Homme. Cet absolutisme se justifie par le droit de l'individu à sa propre sauvegarde et conservation. C'est une sorte "d'égoïsme éclairé". Il pense que l'absolutisme correspond à l'intérêt, au bonheur.
Hobbes s'est peu occupé d'aspects économiques, mais par ses conceptions, il est dans l'esprit de la bourgeoisie.
Hobbes a choisit une solution assez intermédiaire : il veut la
paix pour ses sujets, mais elle est assurée par des moyens terrifiants,
"c'est l'équilibre de la terreur". Il avait peur du libéralisme,
de la liberté, car il n'avait pas vu que la liberté s'organise
aussi.
Les doctrinaires de l'absolutisme :
Guez de Balzac, dont le thème favoris est l'exaltation de l'Etat.
Il y a d'autres théoriciens, dans la lignée, la mouvance de Richelieu, comme Cardin le Bret, justifiant l'œuvre du Cardinal.
La supériorité de la monarchie héréditaire, l'origine divine du pouvoir, le pouvoir absolu, les devoirs du prince, le principe de la raison d'Etat, sont les thèmes de prédilection de ces doctrinaires.
Les sentiments populaires :
Le pouvoir royal est exalté dans tous les milieux, il y a une conscience dans les milieux religieux, de robes (parlementaires), libertins et chez le peuple.
"Le testament" est le recueil où l'on retrouve les idées principales de Richelieu, paru après sa mort, ce qui n'empêche pas l'authenticité de l'œuvre. C'est un ensemble d'écrits rassemblés sur les idées de Richelieu (écrits par lui, ou sous sa dictée), et dédié à Louis XIII. C'est une œuvre de circonstance, marquée par son époque et son auteur. Ce n'est pas une œuvre originale de philosophie politique, Richelieu est un homme d'action. On y trouve différentes maximes, proposées de manière universelle, mais pour la France.
Richelieu a combattu la monarchie féodale et appuyé la monarchie absolue. Il était donc monarchique, et a réprimé toute désobéissance au roi. Pour lui, importait seule la raison d'Etat. il a réprimé les Huguenots, et s'en est pris à la noblesse, en réduisant celle-ci à l'obéissance. Il a lutté contre l'anarchie féodale, en s'appuyant sur les bourgeois et la noblesse en robe, contre les grands. Il a maintenu le clergé à l'obéissance. Il a renforcé l'armée et créé une marine puissante. Il a veillé à l'économie, aux princes, et à la puissance du royaume (favoriser l'industrie, le commerce, la colonisation, développer les manufactures, …)
Les thèmes préférés de Richelieu :
Des théories révolutionnaires circulent pendant celle-ci. Il faut distinguer le souverain et la nation. Ex : le parlement affirme qu'il incarne la nation, fait la distinction entre le roi et le royaume, entre le roi et la nation. Mais ces idées révolutionnaires n'empêchent pas que les Frondeurs restent liées au roi et à la monarchie. Le parlement veut en fait se protéger contre l'absolutisme du roi, et protéger ses intérêts. Deux auteurs ont dominé cette période, Claude Joly et le Cardinal de Retz.
Ses idées politiques sont parfois très rétrogrades,
et d'autres fois très modernes, comme l'importance donnée
à l'opinion publique (suscitée par l'agitation du peuple
durant la Fronde).
Il fut aussi connut par ses oraisons funèbres. Pour lui, l'important, c'est la foi catholique. L'histoire est un ensemble de leçons utiles pour les Princes, et il est donc nécessaire de se retourner vers le passé. L'histoire, pour lui, est l'œuvre de la providence (notion de providentialisme), il existe donc chez lui du déterminisme. Pour lui, les variations sont le signe de l'erreur et l'immuabilité est le signe de la vérité. Pour lui, Réforme est synonyme de volontés de quelques hommes, et c'est un changement entaché d'erreurs. Il a un grand souci d'ordre et d'immuabilité, et il faut s'en tenir à la tradition, car les variations sont signe de désordre, d'erreur.
Il manifeste un soucis d'ordre et d'unité. Le thème le plus important pour lui est le respect de la tradition et la nécessité d'obéir au roi, à la loi. Pour lui, la monarchie est la forme idéale du gouvernement, car c'est l'autorité la plus ancienne. Mais toute autre forme de gouvernement peut convenir si ce gouvernement est légitime.
Pour Bossuet, l'autorité royale a 4 caractéristiques :
Comparaison entre Hobbes et Bossuet :
Les deux aboutissent, dans leurs théories, à la soumission au pouvoir, mais sont différents quant à leurs démarches. Deux absolutismes différents sont proposés.
Pour Bossuet, c'est dans le respect de la tradition et l'abandon à la providence (par l'intermédiaire des rois représentant Dieu sur terre).
Pour Hobbes, c'est dans une réflexion individualiste, laïque
et utilitariste.
Au Vième Siècle, Pellage estimait que l'Homme pouvait gager le ciel par ses propres mérites. Au XVième Siècle, Calvin pense que les Hommes sont condamnés à la damnation par la seule volonté de Dieu. Beaucoup d'autres avaient concilié les 2 systèmes en se remettant à l'Evangile (prière, sacrement, fidélité à l'Evangile).
Jansénius, évêque de Ypres fait paraître en 1640 "l'Augustinius", qui est un commentaire de St. Augustin, qui avait beaucoup insisté sur la gratuité et l'efficacité de la grâce. Jansénius prétendait revenir à la doctrine de St Augustin, mais on l'accusa d'hérésie par les Jésuites, car il rend celle-ci rigoureuse.
La doctrine est la suivante :
Ils ont créé des écoles, comme à Port Royal, et de grands penseurs ont adhéré au Jansénisme, comme Pascal.
Une querelle va se développer autour du Jansénisme. Les écoles de Port Royal seront fermées, Jansénius sera rejeté par le pape et l'Eglise. Pascal va défendre le Jansénisme dans son œuvre "Les provinciales". Cependant, on retrouvera ce mouvement au XVIIième Siècle, où il prendra figure d'opposition à l'absolutisme et aux Jésuites.
Le jansénisme a un caractère politique, dont les caractéristiques principales sont basées sur 3 points :
Jurieux va insister sur le droit de résistance que le peuple a. Il insiste aussi sur le pacte qui doit exister entre le roi et son peuple. Il justifie alors complètement la révolution anglaise. Il serait plutôt monarchomaque.
Bossuet a répondu à Jurieux, mais avec un certain malaise, car peu aimé dans la politique pratique. Il aurait voulu que l'Ecriture Sainte lui fournisse une idée suffisante précisant que le peuple n'a pas le droit au chapitre dans le pouvoir.
Il y a trois traits à souligner :
En 1688, il écrit "les Caractères", un ouvrage qui comprends des maximes et des portraits. Le succès est considérable, grâce à l'observation de l'homme de tout temps qui est faite, et du style très travaillé de l'auteur. Cela fournit une toile de l'ensemble de la société française.
Il critique le social et le politique : l'inégalité des fortunes, la vénalité des charges, le luxe de certains parvenus, la souveraineté du pouvoir, les guerres et leurs absurdités (dénonciation de la politique de conquête de Louis XIII), la torture, la barbarie,…
Il tombera en disgrâce pour s'être compromis dans l'affaire du Quiétisme. De ce fait, il est rentré en vive polémique avec Bossuet. Homme d'un parti, Fénélon appartient de plus au groupe qui gravite autour du Duc de Bourgogne, et compte s'imposer grâce au Dauphin, le Duc de Bourgogne, petit-fils du roi (son fils étant décédé en 1711). Il avait rédigé un plan de réforme politique: les Tables de Chaulnes, qui déterminait le pouvoir des ministres et des intendants. Cependant le Dauphin meurt en 1712, mettant fin aux espoirs de réforme de Fénélon.
La politique de Fénélon:
Il est contre la mobilité sociale, et propose une politique aristocratique. Il rêve d'une monarchie dans laquelle l'aristocratie retrouverait ses anciennes prérogatives. Le pouvoir du roi serait tempéré par les états provinciaux et généraux, où les nobles auraient la majorité. La vénalité des charges serait supprimée, ainsi que les intendants. Son œuvre est réactionnaire et il s'oppose donc à la centralisation.
Il se déclare contre le luxe, le capitalisme commercial et le mercantilisme. Il préfère une société plus agraire, et propose des idées rétrogrades. Le rôle de la noblesse est d'aider le roi, de l'instruire, … Il critique les ministres, car pour lui, les nobles ont été injustement mis de côté. Il critique l'anoblissement abusif et l'usurpation de titre.
C'est une œuvre aristocratique, qui annonce le XVIIIième par différentes idées. Il fait penser aux philosophes du XVIIIième, car il a imaginé une cité idéale dans les Tables, Salente, comme on le fera fortement dans le siècle à venir.
Il va aussi s'intéresser au bonheur de l'humanité, qui doit être le but de la politique. Cette notion a été rayée des écrits. Il s'intéresse à la morale. Il y a un système de valeurs auquel il faut se soumettre (opposition avec Machiavel, pour qui c'était la raison d'Etat qui primait). La notion d'humanité dépasse celle de l'individu. Ces quelques traits ne le rendent pas si rétrograde.
Il s'oppose strictement à l'arbitraire bureaucratique. Ce n'est pas un féodal attardé, ce qui le dérange, ce sont les cohortes de ministres de basses extraction.
Il a la passion de l'étiquette, du protocole. Il va publier des mémoires très féroces. C'est un vaincu, car il a beaucoup perdu à la mort du Duc de Bourgogne. Il n'a pas de préoccupations économiques, bien qu'il évoque parfois la misère du peuple. Il est enfin contre la persécution des protestants.
Tout comme Vauban, il réclame une réforme sociale et fiscale,
mais non politique, en dénonçant les tares de l'époque.
C'est une tendance qui est déjà de l'utilitarisme. Quelques groupes sont cependant en marge du mouvement :
Les Niveleurs veulent une justice égale pour tous (égalité devant la loi), lutter contre les privilèges (égalité des droits politiques). Ils respectent la propriété, mais s'élèvent contre les privilèges des gros propriétaires (mais respectent les petits propriétaires). Ils se recrutent chez les artisans, les petits propriétaires, c'est pourquoi leurs idées politiques se fondront avec les idées des bourgeois. Ce parti va se trouver dépassé par des extrémistes (les Diggers), qui réclameront l'égalité sociale et le partage des terres.
Ils étaient contre la propriété, la terre étant en propriété collective et ce qu'elle produit doit être mis en commun, chacun devant fournir sa part de travail collectif. Mais ils n'ont pas envisagé une révolution violente et en sont restés aux théories.
Comment expliquer le succès de son œuvre ?
Il a écrit "Essai sur le pouvoir civil" simplement au bon moment, en 1690. Il justifie la révolution de 1688, et elle correspond à l'opinion de la bourgeoisie (la classe montante). Cette œuvre a exercé une profonde influence ultérieurement, car c'est une réflexion sur le fondement du pouvoir politique. Cette œuvre élabore une théorie politique, et cela est bien plus important qu'une justification immédiate.
John Locke représente la tendance progressiste de l'époque. il fait partie des Whig (gens voulant plus de liberté au parlement, centre du pouvoir). Il s'était exilé en Hollande entre 1683 et 1688, mais rentrera en même temps que Guillaume III en Angleterre.
Son œuvre politique s'intègre dans une philosophie cohérente dont le trait dominant est l'empirisme. C'est le fait que toutes nos connaissances nous viennent de nos expériences. John Locke pense que l'esprit humain doit être comme une table rase et ensuite toutes les idées que nous allons faire nôtre ne peuvent venir que de l'expérience. Pour John Locke, il n'y a pas d'idées innées. Il ne faut rien admettre sans examen, ni réflexion. Il défend la liberté du jugement.
En ce qui concerne l'idée de Dieu, elle n'est pas innée. La raison nous y mène, à laquelle s'ajoute la révélation.
Ses idées vont lui permettre d'accepter le fait accompli (la révolution) et la puissance des faits. On ne peut aller contre le fait qui fait partie de la raison. Pour lui, le but de la politique est la recherche du bonheur, de la paix et de la sérénité, c'est pourquoi il est nécessaire d'avoir des garanties politiques.
"Les hommes se réunissent afin de sauvegarder leur vie, leur liberté et leur fortune". Le but de la société est de sauvegarder le propriété et la personne.
Dans la société civile, il y aura un gouvernement civil, dont le rôle est de garder la propriété et de mettre en place ce qui n'existe pas dans l'état de nature (juge, police,…). Les Hommes sortent de l'état de nature pour garantir la propriété.
John Locke réfléchit sur ce qu'est l'état de nature. C'est état d'égalité, personne n'ayant plus de pouvoir qu'un autre. C'est un état de parfaite liberté avec comme seule limite, la loi naturelle. Cependant, il n'y a pas de vraie liberté sans loi, c'est pourquoi les hommes se sont organisés en sociétés civiles. La liberté, c'est d'être sur de ne pas dépendre du vouloir arbitraire d'un autre.
L'homme ne serait pas encore avancé s'il s'abandonnait à une puissance absolue. Donc, tout pouvoir politique est un pouvoir délégué en vue de sa sauvegarde et de sa propriété. Le pouvoir législatif est le pouvoir suprême. Il fait des lois pour préserver les propriétés et limiter le pouvoir exécutif. Ce pouvoir législatif délégué est une émanation de la volonté du peuple (comparaison avec 1688). C'est une description du parlementarisme.
Les pouvoirs doivent être séparés. Ils ne peuvent pas être réunis dans la même main (condamnation de l'absolutisme). Le pouvoir législatif est limité par les droits naturels.
Ce droit est un moyen pour que le Prince respecte la réalité.
Ses idées :